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Pourquoi parle-t-on d’avantages à être lesbienne ?
On en parle « d’avantages à être lesbienne » parce qu’on voit en général des inconvénients à l’être : moquée, pas prise en compte, pas reconnue par les autres…
Les « autres », ceux dont le « mode de vie » est reconnu : ceux de l’hétérosexualité. Modèle dominant sur lequel s’est construit notre société. Pourtant, on le sait aujourd’hui, l’hétérosexualité n’est pas du tout un paradigme de base. L’hétérosexualité comme le couple sont des constructions, des bases posées à une époque où l’Eglise avait fort pouvoir. C’est à dire qu’à un moment donné, des humains qui avaient pignon sur rue ont décidé de se regrouper autour d’une pensée unique et de la valider. Cette pensée a continué d’être validée à travers quelques siècles (l’Eglise et son rayonnement inconscient sur les humains même laïques restent prégnants) jusqu’à ce que la Loi Française s’empare de ce sujet lors du mariage pour tous et qui a provoqué les débats que vous savez. Ce qui a ouvert un tantinet certains cerveaux pour en refermer d’autres et pour laisser de marbre ceux qui ne s’inscrivent pas dans ces débats de pensée unique.
Mais revenons au sujet du jour :
A quoi ça aide d’être lesbienne ?
Interroger le couple mais pas que…
Les humaines et les humains que nous sommes, sommes nés dans un pays où la fameuse norme qui n’existe pas mais à laquelle tout le monde rêve secrètement d’appartenir pour ne pas se sentir exclu, cette fameuse norme donc, bâtie à une époque nébuleuse où la brosse à dent n’existait pas, et consolidée, entretenue, revendiquée de nos jours est celle du couple hétérosexuel avec enfant qui est propriétaire de son habitation.
Sortie de là, il devient sociétalement compliqué d’exister. Il devient quasi indispensable de se revendiquer une existence particulière faite de vivre autrement et de joie :
- vivre seule avec soi et être heureux
- vivre seule mais être amoureuse d’une personne qui vous aime en retour mais qui a sa propre demeure
- vivre à plusieurs sous le même toit
- aimer plusieurs personnes en même temps sous des toits différents ou sous le même toit
La société est construite autour de ce point de convergence institutionnel. C’est comme un programme informatique installé à la naissance. Le papa, la maman, l’enfant, la maison. Les films à la télé sont fait pour regarder des couples se former, s’aimer et se déchirer
Rappel donc :
- Le couple n’est pas une obligation !
- Le couple n’est pas fait que d’un homme et une femme !
- Le couple peut ne pas avoir d’enfant !
- Le couple peut vivre dans des endroits différents !
Apprendre à s’affirmer pour exister…
Comme toute humaine et tout humain, la femme qui se sait attirée par les femmes a le même chemin de vie que n’importe quel bipède qui se tient debout et qui soi-disant utilise sa capacité de réflexion. Elle a à évoluer, à grandir, à apprendre à se connaître, à connaître les autres, à se faire ses propres opinions, à accepter celles des autres. Et à en baver un peu entre chaque étape héhé.
L’avantage donc, quand on est une femme qui aime les femmes, c’est qu’elle est obligée de se distancier des schémas classiques dominant rapidement. Là où les homos sont complètement collés la casquette au front et se perdent complètement dans le moule. Mais parfois, la lesbienne, elle aussi, se perd dans cette quête. Mais parfois elle s’en distancie.
Parce que peut-être que le but de la vie d’une lesbienne est de finir par comprendre que l’on a juste à être pour… exister.
Aider les autres « minorités » à s’affirmer pour pouvoir exister…
Des femmes et des hommes se sont battus pour que l’homosexualité soit reconnue comme une sexualité, d’autres se sont battus pour que leur couleur de peau ne soit plus excluante. D’autres se battent pour que les personnes issues de classes dites populaires puissent accéder à des études supérieures.
Etcétéra.
C’est quoi la morale de l’histoire ?
Tous ces combats n’ont pas exactement les mêmes niveaux de lecture ni les mêmes enjeux de société mais tous ces combats disent la même chose : il existe DES humains avec des particularités et non une norme fantasmagorique massive et que la norme est fatigante à la longue. Sans oublier que même dans la norme et même pour les plus « normés », il existe des particularités.
La norme est un fantasme collectif porté par les médias oui, par la société certes mais par les humains eux-mêmes qui se plaisent à entretenir ce fantasme de la norme qui le rejette. Cessons de parler d’elle, de la vouloir pour ami, comme mentor ou comme ennemi !
Parlons des individus, de leur histoire unique, du groupe aussi mais de son point de vue avec le minimum de fantasmes. Le fantasme naît de ce que l’on croit des autres. Donc si on ne porte pas d’intention aux propos, comportements des autres, et si on leur demande en face à face ce qu’ils vivent, ce qu’ils pensent, ce qu’ils souhaitent, on affaiblit les fantasmes.
Ainsi parla une lesbienne qui a des avantages à l’être pas parce qu’elle est lesbienne mais parce qu’elle est une femme et encore mieux : une humaine ! Une humaine qui a les avantages à être lesbienne.