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Interview : Katsuni, la femme-objet qui parle

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“One woman, endless possibilities. Give me some new challenges, I’m ready.” annonce le compte twitter de Katsuni. Après des études de sciences politiques à l’IEP de Grenoble, Katsuni a choisi le porno, expérience qui engage toute une vie. Posée, intelligente, elle nous offre un regard rare sur un monde étouffé par l’hyper-sexualité et le néo-puritanisme.

Nous sommes passés de l’ère de la sexualité libérée à l’ère de la sexualité banalisée. L’érotisme n’a-t-il pas perdu la part de charme qui résidait dans l’art et la manière d’en parler ?

Je pense qu’il faut bien dissocier sexualité et érotisme. Le premier désigne un fonctionnement et un comportement, le deuxième une vision. L’érotisme est une mise en scène de la sexualité et peut plus largement désigner une œuvre qui a la capacité à éveiller une sensation de désir. Au-delà du genre, comme l’est le porno, l’érotisme est une notion très subjective et variable en fonction de la sensibilité et de l’expérience de chacun. Personnellement je peux très bien en trouver dans une publicité pourtant « grand public » ou simplement sur une photo parce qu’une femme marche pieds nus. On peut donc à mon avis approcher la sexualité sans tabou, la vivre, l’exposer, l’expliquer et comme vous le dites la banaliser tout en continuant d’apprécier l’érotisme. Celui-ci ne perd jamais de son charme car il est partout où on sait le reconnaître. J’imagine néanmoins que la banalisation peut insensibiliser ou blaser certaines personnes. En tout cas je n’en fais pas partie !

Les scandales sexuels ont largement éclaboussé la scène politique l’année dernière. La domination est inhérente au pouvoir. N’est-elle pas également une part importante de la sexualité?

Je l’ai longtemps pensé. Les rapports de force dans la sexualité m’ont toujours fascinée. Je me suis longtemps construite dans ce rapport dominant/dominé. Aujourd’hui je sais qu’il est possible de vivre une sexualité épanouie sans pour autant vivre cette relation. En revanche je pense que la domination est inhérente à la sexualité des films X en général ; elle s’exprime de manière physique et psychologique. Cela n’a rien de surprenant car les mises en scène des jeux de pouvoir et de domination en sexualité sont particulièrement excitantes et permettent de transgresser des tabous.

Lorsqu’elles l’ont quitté, certaines actrices X décrivent l’univers du porno comme un enfer (drogues, exploitation, « cercle vicieux ») Votre expérience personnelle n’a pas l’air si dramatique…

J’ai justement réagi sur ce sujet suite à un documentaire réalisé par Ovidie pour France 2 « Actrices X : Rhabillage » et où diverses actrices ou ex-actrices parlaient de leurs difficultés à se reconvertir professionnellement mais aussi sentimentalement et socialement. Je ne remets pas en cause leur ressenti. En revanche je suis critique vis à vis de certains témoignages qui trahissent selon moi une tendance à se victimiser. Je refuse de tomber dans cette manière de penser même si j’admets qu’il existe bien des discriminations et qu’il est important de défendre ses droits. Pour ma part j’ai la chance de vivre le X d’une manière saine et positive mais ce n’est pas qu’une histoire de chance. Il s’agit avant tout d’avoir fait un choix et de le vivre jusqu’au bout. On peut parfaitement faire du porno sans tomber dans la drogue ou la dépression. Il faut arrêter de systématiquement accuser l’industrie du X de tous les maux alors que beaucoup des actrices ayant des difficultés avaient déjà des fragilités ou addictions avant même de débuter. Le X pour certaines, a été une bouée de sauvetage puisqu’elles pouvaient travailler immédiatement sans diplôme ni qualification. Exploitées, oui, nous le sommes. C’est un marché où l’on vend une performance, une image, un nom. C’est du business mais pas de l’esclavage. Il faut différencier pornographie de la prostitution et de l’esclavage sexuel. Si les déviances existent, elles ne définissent pas cette profession. Je crois que certaines personnes qui se plaignent n’ont pas toujours conscience des enjeux, des règles, des responsabilités qu’elles doivent assumer. Une expérience est dramatique quand on se retrouve à subir les choses. Mais cela peut arriver dans n’importe quel métier. C’est à soi de se respecter en premier si l’on veut être respecté. Mon expérience dans le porno n’a pas toujours été facile mais j’en ressors grandie et je n’ai jamais regretté mon choix. Ce que je vis est extraordinaire. Je vis le porno comme un jeu, une aventure, je tâche de ne prendre que le meilleur et de tirer des leçons du pire.

Que répondez-vous à ceux qui affirment que le porno porte atteinte à la dignité de la femme ?

Que le fait de condamner le choix des actrices porno est une atteinte bien plus grave à leur dignité. Je ne dis pas que le porno valorise toujours les femmes mais il est temps d’admettre que beaucoup de femmes aiment le vivre et le regarder tel qu’il est, même quand il est très hardcore. Une femme à genoux pour exercer une fellation n’est pas forcément soumise. Et même une femme soumise n’est pas forcément en train de souiller sa dignité. Respecter un être humain c’est aussi respecter son choix, ses désirs. On peut être une femme respectable tout en aimant incarner la « salope », c’est un jeu. Quant aux hommes dans les films X, comme le remarquait Orelsan dans une interview; son image n’est pas forcément valorisée dans le sens où il est souvent réduit à un sexe en érection.

Néanmoins je suis d’accord avec le fait que plus de diversité, d’autres approches de la sexualité ne feraient pas de mal. Le porno occidental actuel reste très formaté, piégé par les exigences d’un marché où il faut aller droit au but, tout montrer, surjouer. Il est un produit de consommation avant d’être une œuvre artistique.

Comment-avez vous ressenti la dérive qui tend à rapprocher des affaires de mœurs scandaleuses (DSK, Tron…) de l’hédonisme et de l’érotisme le plus naturel? Et ainsi de faire de toute personne qui aime le sexe un satyre ou un sadique…

J’avais déjà suivi l’affaire Tiger Wood aux Etats-Unis. C’était aberrant. On voyait des soi-disant psy converser très sérieusement avec des présentateurs télé, expliquant à quel point cette nouvelle figure de l’Amérique décadente était malade, « un sexuel addict ». Peut-être que c’est le cas mais honnêtement est-ce que ça a réellement une importance ? Depuis quand juge-t-on quelqu’un pour sa maladie ? Bizarrement quand celle-ci, psychiatrique ou physique, est liée à la sexualité, comme le sida, elle devient honteuse. Après cette affaire que j’ai trouvée particulièrement ridicule j’ai suivi de très loin les affaires suivantes. La brèche état ouverte, il était évident que les médias développaient un nouveau filon très vendeur : les scandales sexuels. Personnellement je me fous complètement de la sexualité des personnalités publiques, politiques y comprises. Leur sexualité est une affaire privée. Les juger sur leurs fantasmes, leurs pratiques et même, leurs addictions, c’est revenir à l’époque où l’on brûlait les sorcières! On montre du doigt, on lapide virtuellement. Les pulsions de meurtre collectif qui faisaient le succès des jeux de cirque où l’on se divertissait en livrant des innocents (ou coupables peu importe) sont toujours là. Inconsciemment nous nous lavons de nos péchés en condamnant le monstre à côté duquel nous pensons être des gens bien.

Paradoxalement, on a le sentiment d’une hyper sexualisation des images (TV, internet, magazines, pub), et d’un retour d’une forme de puritanisme imposé par des féministes intégristes…

L’un va avec l’autre. Le sexe, du moins, le sexy vend. C’est un stimuli et on en abuse puisque ça marche. Face à cette technique de vente et de séduction efficace, il est normal d’avoir des réactions, et les féministes intégristes sont forcément, avec les associations religieuses, les candidates idéales. Mais leurs attaques sont véhémentes au point d’en devenir ridicules. Je pense à la fermeture du « love shop » qui était situé à moins de cent mètres d’une école, à l’attaque contre un numéro du Crazy Horse avec une danseuse habillée en nonne, à l’affiche des Infidèles. Certaines personnes s’isolent tellement dans leurs idéologies qu’elles semblent perdre le contact avec la société qu’elles sont censées défendre. Perdre du recul c’est prendre le risque de ne plus comprendre une simple allusion ou un trait humoristique. J’ose espérer qu’on peut défendre des valeurs et les droits de la femme ou être pratiquant tout en conservant un certain sens de la dérision.

Internet a-t-il tué l’industrie du porno ?

Internet a ouvert un nouveau marché, notamment en ce qui concerne le porno amateur. Qui dit nouveau marché dit transition, crise, adaptation, faillite pour certains, réussite pour d’autres. Le vrai problème est le piratage, le contenu gratuit. La concurrence déloyale nuit gravement et donne de mauvaises habitudes aux consommateurs. Aujourd’hui je doute qu’un jeune adulte fasse la démarche d’acheter un DVD porno même s’il est fan. Son réflexe sera de rechercher des films X en gratuit sur le Net. Malgré cette crise le marché du porno continue d’être florissant mais il ne profite plus aux mêmes personnes. Il faut s’adapter pour survivre.

Les Français découvrent une catégorie inattendue, sur les sites de porno en streaming “le sexe interracial”. Que représente le sexe “interracial” pour la société américaine. Et que révèle-t-elle de celle-ci?

Voilà une question qui me surprend. C’est un terme qui pour ma part m’est familier depuis mes débuts dans le X. Il ne m’a bizarrement jamais choqué même si le terme de race me dérange dans le langage courant. Je vois plus cela comme un cliché qui permet de définir une catégorie de films de la même manière que l’on dit MILF. Il n’y a rien de péjoratif là-dedans. Le « sexe interracial » a en tout cas beaucoup de succès aux Etats-Unis. Je pense qu’on a dépassé le tabou social et qu’on vise à interpeller ici un public black qui aimera s’identifier dans des scènes avec des actrices de tous physiques. C’est un terme marketing mais je ne suis pas sûre qu’il soit encore vraiment représentatif d’un clivage. Mais je me trompe peut-être.

On a le sentiment que se développe mondialement une forme d’addiction au porno en ligne, et en même temps à une destruction des mondes fantasmagoriques dans lesquels se développait la libido…

C’est une addiction pour certains et plus généralement un mode de consommation qui est rentré dans la vie courante, de la même manière que l’on va regarder des films en VOD ou faire des achats sur des sites marchands. Encore une fois je préfère parler de mutation, d’évolution plutôt que de fin. Je ne pense pas que le porno en ligne nous empêche de fantasmer. Un fantasme assouvi laissera place à un autre et ainsi de suite. Il est vrai que le porno en ligne peut faire penser à un fast-food du sexe où l’on trouve tout en quelques clics mais au final je pense que la libido se développe bien au-delà. Elle commence par le désir d’un collègue au bureau, une inconnue croisée à la salle de sport etc. Quand on est sexuellement actif tout est prétexte à fantasmer.

Finalement, être rebelle, aujourd’hui, en France, est-ce que ce n’est pas rester vierge jusqu’au mariage?

Non car le mariage et la virginité ne sont plus des symboles aussi forts qu’avant. Ils sont reliés à la notion de sacré or celle-ci s’est effacée dans notre société. Je pense que la vraie provocation est toujours dans la surprise et le bousculement des tabous. Si demain une personnalité féminine connue, (star de cinéma, personnalité politique par exemple) dit : « Je me prostitue», ce sera une vraie provocation. Associer le plaisir du sexe à celui de l’argent est encore un tabou très fort. Dire également comme Virginie Despentes qu’une femme a le droit de se remettre d’un viol, de ne pas se comporter ensuite comme victime, ou dire « Je suis maman et je n’ai pas l’instinct maternel, je n’aime pas être enceinte, j’ai du mal à reconnaître mon enfant », ça c’est être rebelle pour moi. Être vrai et intègre peut constituer une forme de rébellion dans une société qui se ment beaucoup à elle-même.

Que pensez-vous de cette citation extraite de la préface d’Histoire d’Ô : « Enfin une femme qui avoue ! Qui avoue quoi ? Ce dont les femmes se sont de tout temps défendues (mais jamais plus qu’aujourd’hui). Ce que les hommes de tout temps leur reprochaient : qu’elles ne cessent pas d’obéir à leur sang ; que tout est sexe en elles, et jusqu’à l’esprit. Qu’il faudrait sans cesse les nourrir, sans cesse les laver et les farder, sans cesse les battre. Qu’elles ont simplement besoin d’un bon maître, et qui se défie de sa bonté… »

Je crois qu’on a là un parfait exemple de discours machiste. Partir d’emblée sur le principe qu’il faut avouer c’est déjà positionner la femme comme coupable et menteuse. Lui attribuer des caractéristiques caricaturales en tombant dans l’extrême qu’il faut “sans cesse les battre” et “qu’elles ont besoin d’un bon maître” c’est la réduire au même statut qu’un animal. Il y a une différence entre une femme qui dit aimer être soumise à un homme et reconnaître aimer la brutalité -pourquoi pas?- et généraliser en imposant une nature à un sexe. Ce discours est totalement discriminatoire mais il est important de le lire dans son contexte. Dans un film porno par exemple nous allons jouer sur cette prétendue nature de la femme à se soumettre à un maître mais je rappelle qu’il s’agit d’un jeu, d’une mise en scène où le fantasme est incarné de manière caricaturale.

Source : https://snap-nudes.fr/

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